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Faut-il continuer à prendre des décisions pour nos objectifs futurs ou se laisser vivre?

24 janvier 2021

Lorraine Frennet - objectifs, décision et action

Il y a des moments comme ça, où nous sommes pris dans un tourment de devoir choisir… nous nous retrouvons écartelés, entre une envie brûlante de plonger dans l’abîme oubliant toute maîtrise de soi, et une voie qu’on a construite patiemment comme discipline de vie pour se sentir aligné avec qui nous sommes réellement…

C’est le dilemme entre un plaisir court terme et un bonheur futur bien installé; un choix instantané et une décision plus réfléchie; nous laisser guider par ce qui nous tombe dessus ou nous bouger pour reprendre le contrôle…

J’ai été confrontée à ce genre de choix récemment et j’en ai tiré quelques conclusions sur mon mode de fonctionnement.
Loin de le prôner comme celui à suivre absolument, c’est celui avec lequel je me sens connectée et qui me convient… pour l’instant.

Je vous en partage ici quelques bribes, en espérant que cela puisse nourrir certaines réflexions personnelles…

Notre identité ne doit pas être remise en cause, il s’agit juste de reprendre le contrôle de nos actions et le pouvoir de nos décisions

Les personnes se cachent souvent derrière un « je suis comme cela » et on n’y peut rien changer…
C’est clair, on ne change pas ce qui est profondément inscrit : un être construit de multiples expériences, une éducation, des apprentissages de la vie, et tout ce qui nous a été donné à la naissance qu’on ne contrôlera jamais complètement.
Par contre, il est important de comprendre et d’accepter que nos actions, nos décisions, nos relations aux autres, à ce qui nous entoure et à nous-mêmes, dépendent de nous en chaque instant.
La plupart d’entre nous sommes libres de nos décisions et nos actions.
Peut-être que ces choix sont parsemés de blocages et de croyances limitantes, mais il reste néanmoins possible de les modifier.

Avons-nous tous besoin de visions long terme ?

Pourquoi ne pas se laisser vivre au jour le jour, sans se prendre la tête avec le futur?

Étant donné que j’ai une personnalité assez orientée “futur”, il est facile pour moi de répondre à cette question, mais plus difficile de comprendre ceux qui restent attachés au passé, ou ne vivent que dans le présent… J’en suis bien consciente et tente parfois de rectifier le tir en changeant de perception et en acceptant que la fuite du futur puisse être d’un certain réconfort.

Cependant, je reste persuadée que tout le monde peut avoir un futur plus heureux et aligné que l’a été le passé. En utilisant les expériences vécues comme autant de leçons à appliquer…
On peut se focaliser sur là où on veut aller, ce qu’on veut y faire, avec qui on veut être…
Et quand nous mettons tout en place pour y parvenir, cela reste une véritable source d’accomplissement et de bonheur…

Je pense aussi que nous avons tous des visions long terme profondément ancrées à l’intérieur de nous, pour les différents domaines de la vie, que ce soit du privé ou professionnel. Mais la plupart du temps nous les fuyons, nous ne les analysons pas assez, nous ne les définissons pas assez… Avec comme conséquence de ne pas pouvoir décider, agir et influencer notre chemin vers ces objectifs.

Les raisons principales de choisir la fuite plutôt que d’affirmer son objectif et agir en fonction

Je parle ici de fuite concernant nos objectifs et visions pour le futur. Je reconnais néanmoins que cette fuite peut tout à fait convenir à certaines personnes dans certains moments de la vie.
L’idée ici n’est pas de juger, mais d’analyser sa pertinence quand elle est adoptée inconsciemment sans résultat positif sur notre bien-être…

Voici les raisons de fuir qui me semblent les plus évidentes et courantes:

1. La facilité

C’est toujours plus facile de fuir, de s’éloigner du problème plutôt que de lui faire face.
Pourquoi dépenser de l’énergie et déployer de la force quand notre cerveau cherche à se mettre en sécurité au plus facile. Il nous crie: “Cours, fuis, cache-toi et attends pendant que le danger passe”
Conséquence :
Ce comportement n’aide pas à prendre de bonnes habitudes de combattant face au problème. On n’en sera que plus résigné et paresseux à chaque fois qu’un “danger” se présente… Et on ne se rapprochera d’un objectif de bien-être que de façon aléatoire et incontrôlée.

2. La peur de l’échec

À l’origine caractérisée par un danger de mort qui nous poussait à fuir devant un ennemi féroce, la peur de l’échec est aujourd’hui sociale et économique… Peur du regard des autres, de se ridiculiser, de perdre ce que l’on a acquis de confort et matériel…
Conséquence :
On ne s’aventure pas plus loin. On reste patiemment là où on est pour ne pas risquer de perdre quoique ce soit.

Le fait est qu’aujourd’hui perdre par exemple 100€ est bien plus douloureux que de ne pas les gagner, pourquoi donc prendre un tel risque… mieux vaut ne pas bouger. Mais est-ce si glorifiant comme réflexe? Est-ce qu’à long terme l’émotion d’avoir réussi juste à passer une toute petite étape ne vaut pas 10 fois la perte qu’on a subi?
Les entrepreneurs à succès ne sont-ils pas tous passés par des échecs avant de parvenir à leur fin, et ne se sont-ils pas focalisés sur un objectif et une vision à long terme, malgré les difficultés au quotidien?!

3. La croyance du « tout ou rien »

On oublie qu’il y a une multitude d’actions ou décisions possibles. Tout n’est pas “tout noir” ou “tout blanc”.
Il faut peut-être juste passer par de petites actions ou décisions, commencer un jour par une petite étape. Parfois il suffit juste d’accepter une situation, de mettre des mots sur des émotions, d’affirmer ses ressentis par rapport à une situation. Au final, ce sera toujours plus apaisant que la fuite et donnera l’énergie de poser d’autres décisions et actions dans le même sens…

4. Tout vient de l’extérieur ?

Nous avons souvent tendance à considérer l’origine du problème comme extérieure à nous, même quand cela n’est pas spécialement le cas.
Nous ne nous voyons pas comme créateurs de nos propres problèmes. Or, nous en sommes souvent une partie. Certains de nos choix et de nos décisions provoquent ces limitations, et ne pas accepter cela nous enlève de l’esprit toute possibilité de pouvoir les contrer.
Quand nous acceptons que certains de ces obstacles nous sont liés (à nos actions et décisions), nous pouvons reprendre un certain contrôle en ajustant ces décisions et actions. Nous n’en devenons que plus résilients.

Comment prenons-nous la décision de ne pas décider

En procrastinant

Ahhhh la procrastination! Bien connue des lanceurs de projets, elle nous fige surplace, nous dépossède de tout pouvoir d’action et d’avancement…
Elle est pourtant utile, car c’est elle qui matérialise notre fuite, quand elle ne se transforme pas carrément en abandon…

Elle est donc un signal d’alerte assez pertinent… elle nous indique une peur, un noeud à dénouer, une croyance infondée, un besoin de sécurité, un fatalisme mal placé…
Rien que d’en prendre conscience permet déjà d’en sortir… Et si elle s’accroche, de bonnes petites habitudes de productivité peuvent être appliquées, alliées à un état d’esprit renforcé!

Quand le fait d’éviter une situation ou une tâche nous prend plus d’énergie que de la traiter directement, il est temps de se poser des questions…

En vivant au jour le jour

Vivre au quotidien, sans penser plus loin, est aussi un choix et une façon d’agir que l’on décide inconsciemment ou consciemment.
Ne pas se poser de question pour le lendemain, faire avec ce que l’on a au jour le jour. Jouir de la vie comme elle vient, comme elle nous tombe dessus. Se contenter des petits plaisirs instantanés du moment…
Une belle idéologie, mais qui risque de nous faire tourner en rond et retomber dans les mêmes soucis, si nous ne visons jamais un objectif plus lointain. Elle nous décharge de tout contrôle, de tout pouvoir sur notre vie. Nous devons alors nous contenter de ce qui nous est donné, et ne parvenons jamais à l’influencer.
À long terme, nous nous perdons dans une vie plus subie que construite.

Avoir un objectif bien défini nous empêche-t-il d’être résilients?

La résilience est indépendante du fait d’avoir un objectif bien défini pour le futur.
En fait, on peut faire preuve de résilience ou en manquer tout autant si on est dans la fuite, car on peut se retrouver autant paralysé par ce qui nous tombe dessus, dû au fait que nos désirs sont juste refoulés profondément à l’intérieur. On se voile peut-être la face en acceptant passivement le quotidien, mais les évènements extérieurs nous touchent autant que si on a un objectif ébranlé par ces évènements.
La résilience se mesure dans la capacité à rebondir et adapter ses décisions et ses actions pour faire tendre au maximum le chemin vers notre objectif. (qu’il soit bien défini ou inconscient)
Avoir l’habitude d’agir, de prendre le contrôle de sa vie, s’avère un atout considérable quand il s’agit d’être résilient.
Avoir un objectif clair ne signifie pas non plus qu’on ne peut pas l’adapter en fonction des situations… En général, la vision et le résultat sur notre vie resteront les mêmes.

Le chemin et le processus sont tout aussi importants que l’aboutissement. Ils nous apportent du sens, de l’expérience et un sentiment d’être maître de sa vie.

Une bonne raison de plus de se pencher un peu plus sur nos objectifs…

Malgré les obstacles, je suis ma route…

Un choix difficile à court terme pour un bien-être à long terme ?

J’ai donc pris récemment une décision qui était assez difficile sur le moment, mais certains signaux d’alerte étaient bien présents et j’ai choisi de les suivre plutôt que de rester dans la voie facile.
Parce que je me suis rendue compte que cette facilité ne servait pas ma vision future. J’ai choisi mon intégrité et mon bien-être à plus long terme.

Le sentiment d’alignement et de fidélité à ses convictions compense largement la souffrance que l’on peut ressentir d’avoir fait ce choix.
Ça ne fait pas de nous des insensibles et incapables de profiter du moment présent, ça fait de nous des personnes capables faire des choix réfléchis et adaptés à la situation… pour rester alignés à notre vision.
Ça ne veut pas dire non plus que la situation ne peut pas changer et remettre en question ces choix… tant que nous restons sur notre route…

Un principe adopté depuis quelques années… et ça me réussit plutôt bien.

Que ce soit pour des questions d’alimentation, de sport, de projets personnels, de petites décisions, de conflit relationnel, ou d’activités professionnelles, j’évite les plaisirs évidents à court terme et choisis plutôt ce qui m’avantagera à plus long terme… j’essaie de (ré)agir au plus vite et au plus simple, mais certainement pas au plus facile…
Et parfois, ça fait mal!

Malgré cela, les résultats ont toujours été positifs, c’est devenu une rigueur qui s’est installée petit à petit… comme les mauvaises habitudes alimentaires dont on finit par se lasser naturellement après quelques pratiques de changement. Ou les bonnes habitudes sportives dont les bénéfices à long terme prennent le dessus sur les facilités à court terme. Et au final, on n’a plus la sensation de se forcer ou se priver de quoi que ce soit.
Prendre des décisions qui nous font sentir alignés à nos objectifs de vie à plus long terme, c’est un peu la même chose, on s’y habitue…

Notre monde actuel , riche en plaisirs instantanés ?

Je me permets ici de replacer un extrait de l’article Pour être heureux, ne confondez pas plaisir et bonheur, lu sur le site de la RTBF:

“Ce qu’on nous vend ce n’est pas du bonheur, c’est du plaisir. Il faut mettre beaucoup de nuances entre ces deux termes, car le plaisir contribue au bonheur, mais pas que…!” explique Pierre Portevin.
Selon lui, les “likes” sur Facebook seraient semblables à l’effet du sucre dans notre sang, et un parfait exemple de cette recherche du plaisir instantané. Ils provoqueraient une sensation immédiate de plaisir grâce à la dopamine, un neurotransmetteur libéré quand on éprouve du plaisir, mais qui ne serait qu’éphémère.
Bien que les plaisirs fassent partie intégrante du bonheur, il s’agit donc de bien savoir les sélectionner selon leur nature et ne pas rechercher uniquement ces “petits plaisirs”.
Pierre Portevin met aussi en lumière les travaux de Paul Gilbert, un chercheur anglais qui a beaucoup étudié le sentiment de compassion et qui utilise un modèle du cerveau divisé en 3:
• Le cerveau du singe lié au contentement.
• Le cerveau de la souris lié aux plaisirs immédiats.
• Le cerveau du reptile lié aux menaces et aux risques.
Le reptile nous permet d’être vigilant mais c’est également lui qui provoque le  stress.
La souris nous amène à chercher le plaisir immédiat.
Enfin, le singe est lui lié au contentement et à nos relations avec les autres.

Je trouve assez intéressant ce classement des 3 types de cerveaux que nous devons équilibrer pour trouver le bonheur :
-celui des plaisirs immédiats
-celui pour éviter les risques (souffrance) et en recherche de sécurité
-celui de contentement plus profond et à long terme…

Chaque décision liée à notre bonheur pourrait donc être reliée à un ou plusieurs de ces « cerveaux » .
Celle que j’ai prise récemment était liée aux deux derniers manquants : sécurité et bien-être à long terme… car ils me semblent importants… mais peut-être que je n’écoute pas assez mon cerveau de souris?

Et vos décisions, si vous les analysez, cela donne quoi ? Quel cerveau suivez-vous le plus?

 

credit photo :
Justin Luebke sur Unsplash
Jesse Bowser sur Unsplash

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